Les Gauchers

par Marie Thérèse Zerbato Poudou

Les Gauchers

Dans les pays développés la proportion de gauchers a augmenté de façon constante par rapport au siècle passé, en particulier en occident, car les pressions culturelles contre l’utilisation de la main gauche ont fortement diminué.

En outre, la première guerre mondiale et le grand nombre de soldats mutilés ayant perdu leur bras droit ont favorisé l’évolution des mentalités vers l’acceptation des gauchers. Les gauchers « contrariés », c’est à dire des gauchers confirmés à qui on a imposé l’usage de la main droite, seraient susceptibles de développer des pathologies, troubles du caractère, bégaiements, difficultés d’écriture … ce qui reste à démontrer pour chacun d’entre eux. Mais, même si l’on n’impose plus l’usage de la main droite à ceux qui ont une autre préférence, les objets du quotidien obligent à se servir de la main droite : leviers de vitesse pour les voitures, pavés numériques sur claviers, guitares et violons, tire-bouchons, ouvre-boites, etc. Les ciseaux ont longtemps posé problème, notamment à l’école, mais maintenant on en trouve facilement pour gauchers. Bref, les outils sont pensés en majorité pour les droitiers.

Un phénomène mondial

Si une grande majorité de l’humanité se compose de droitiers, (on pense près de 90%) la quantité de gauchers reste importante. Il y aurait 25% de gauchers à la naissance. Environ 10% le resterait à l’âge adulte. Il y a plus d’hommes (12,5%) que de femmes (10%).

Des discussions entre spécialistes sont toujours vives pour déterminer si la préférence manuelle serait majoritairement d’origine génétique ou si l’environnement et l’éducation y joueraient un rôle important. Certains arguments pointent le facteur anatomique, d’autres le gestuel (le foetus sucerait principalement son pouce droit), ou bien la position foetale, ou le rôle des hormones … Les dernières recherches montrent que le foetus présente déjà des asymétries hémisphériques qui seraient induites par le développement de la colonne vertébrale plutôt que le cerveau, le développement du cortex moteur étant plus tardif.

 

Lorsque commence l’apprentissage systématisé de l’écriture, vers 4 ans (en moyenne section)

C’est plutôt à ce moment-là qu’il faudra être plus vigilant sur cette question de préférence manuelle, car l’indécision peut conduire à des difficultés pour positionner la main au bon emplacement de la feuille, pour suivre la trajectoire gauche-droite sans trop d’hésitation ni d’inconvénients. Il faut d’abord repérer les habitudes de chacun au cours des exercices graphiques. À ceux qui ont une prise avec la main gauche, on peut proposer de changer de main, sans propos stigmatisant, et on observe leur comportement, comme dit précédemment. S’ils gardent leur outil toujours de la même main, il faudra vérifier si ce choix persiste au cours de l’exercice mais aussi dans le temps. On peut essayer également de placer le crayon au centre de la feuille, et d’observer avec quelle main ils s’en saisissent spontanément. Le renouvellement de ces petites astuces suffit parfois pour constater la permanence du choix de la main. La main qui ne tient pas le crayon est active elle aussi, notamment lors de travaux où la collaboration des deux mains est nécessaire : découpage, tris, collage, pâte à modeler, fabrique de colliers, etc. Ce sont les tests qui pourront aider à déterminer quelle est la main la plus habile. Mais pour écrire, il faut que la deuxième main soit libre pour stabiliser le buste et tenir la feuille d’écriture.

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