Quand la roue tourne… ou que vous la faites tourner !

par Aurélie Moriceau, enseignante en cycle 3

L’activité « La roue des motifs » propose aux élèves de s’exercer à reproduire de petits motifs choisis, libres ou imposés, le plus régulièrement possible. Par le jeu de superposition d’un cercle de papier-calque sur une feuille rectangulaire de couleur, un effet optique se crée lorsque la roue tourne. Cette activité permet de lier art et entraînement à l’écriture, chez les petits comme les grands !

J’ai voulu tester avec mes élèves de CM2 une activité courte et ludique de composition plastique. Oui mais, je voulais aussi une activité qui demanderait concentration tout en permettant détente. Une activité qui favoriserait un entraînement au geste graphique par la reproduction de motifs graphiques précis, réguliers, ordonnés sur un espace donné à couvrir entièrement. Une activité calme qui appuie un peu sur le bouton « pause » quand, en classe, on a besoin de souffler un peu…

Vous me direz, arrivés en CM2, il est clair que les élèves ont déjà quelques années de pratique du geste graphique. Oui, oui. Ils savent écrire, former lettres et chiffres, manier les différents outils d’écriture… et on se dit que travailler le graphisme n’est plus vraiment pour eux. Pourtant, ils en ont un grand besoin ! Certes, leur écriture s’affirme, et chaque élève s’essaie déjà à un « style ». Mais, ils n’aiment pas tous écrire, et certains redoutent encore la prise en main d’un outil scripteur ! Les doigts sont parfois trop serrés, commecrispés sur le crayon, cet outil qui leur voudrait du mal. 

Chacun affirme alors son style. Quand certains optent pour le mode écriture rapide mais peu lisible, d’autres vouent presque un culte aux lettres régulières, tout en rondeur, et recherchent l’esthétique dans la formation de leurs lettres et dans leurs tracés, mais y perdent un temps important. Et puis, il y a ceux aussi qui s’en sortent admirablement bien ; leur écriture est lisible, fluide, rapide : ils sont prêts pour le collège !

Stop. Pause. Si on jetait un oeil aux compétences attendues par le BO 2015 dans le domaine de l’écriture pour nos élèves de CM ? Les programmes 2016 rappellent l’importance de l’écriture encore au cycle 3. En fin de cycle, on attend qu’un élève de 6e puisse « écrire un texte d’une à deux pages adapté à son destinataire ». Il est même précisé, qu’« après révision », ce texte doit être « organisé, […] à la graphie lisible ». Il faut donc que l’élève puisse « écrire à la main de manière fluide et efficace » en pratiquant des activités d’écriture qui l’aideront à acquérir une « automatisation des gestes de l’écriture cursive » et en poursuivant un « entraînement à la copie pour développer rapidité et efficacité ». Les exemples d’activités, soumis dans le BO, mentionnent donc des « activités guidées d’entraînement au geste graphomoteur » pour les élèves qui en ont besoin.

Voilà, c’est pour cela, pour cet essai graphomoteur et plastique, que j’ai choisi de proposer à mes élèves l’activité « La roue des motifs ». Les pistes qui y sont proposées mêlent, d’après moi, à la fois exercice au geste graphomoteur et processus d’expérimentation, production, création… OK, l’activité est proposée pour des élèves de cycle 2 et est prévue pour être pratiquée sur des feuilles grand format. Personnellement, j’ai choisi d’aménager un peu l’activité pour mes CM en imposant des contraintes supplémentaires : des graphismes fins, le plus régulier possible ET à réaliser sur un format A5.

Au début de la séance, je leur ai demandé de se souvenir des différents motifs graphiques en début d’année pour nos cartes décoratives de porte-manteaux (il s’agissait de séparer en plusieurs parties l’espace autour des lettres du prénom et de remplir chaque espace avec un graphisme et une couleur différents). Quelques élèves ont tracé au tableau des exemples de motifs graphiques pouvant être répétés : spirales, boucles, « montagnes », tirets, points, vagues, et j’en passe !

J’ai par la suite projeté le résultat attendu proposé sur la photo 1 que l’on retrouve en dernière page de la fiche. Nous avons observé et décrit ensemble les supports utilisés, les lignes de graphisme régulières qui suivaient les lignes de contour des feuilles… et les élèves se sont d’abord lancés sur une feuille de brouillon pour faire leurs premiers essais.

Comme mes élèves sont en CM2, ils ont eu à tracer eux-mêmes leur cercle sur le papier-calque et à y marquer le centre. Au passage, cela leur a permis une petite révision sur le lexique lié au cercle et sur le maniement du compas . J’ai à nouveau imposé quelques contraintes supplémentaires à celles proposées dans la fiche : alterner régulièrement les couleurs et changer plusieurs fois d’outil scripteur : crayon à papier (bien taillé !), feutres fins, crayons gels colorés (qu’ils adorent pour mettre de la couleur dans leurs leçons aussi !), crayons de couleur… Petite remarque à la suite de la déconvenue subie par certains : on ne peut pas utiliser n’importe quel crayon sur le papier-calque (ou cela risque de baver un peu partout) !

Comme toujours, certains élèves se sont précipités sur l’activité pour essayer d’en finir au plus vite ! Pas de chance pour eux, c’est surtout pour ces élèves-là que je cherchais une activité différente, une activité qui donne envie d’écrire, différemment. Alors, avec eux, j’ai repris les consignes de travail, réfléchi à des motifs, réalisé quelques essais au brouillon, veillé à la souplesse des mains en les échauffant, replacé les doigts sur le crayon lorsque c’était nécessaire… Et puis ils se sont relancés sur la feuille de couleur et le calque.

Pari gagné ! Finalement, tous les élèves sont entrés dans l’activité, et les résultats sont vraiment très sympas. Les productions sont colorées, organisées avec une réelle recherche esthétique, plastique. On reconnaît la patte de chaque élève, c’est certain. Et j’ai été aussi agréablement étonnée par l’implication et l’application de certains dans cette activité. Chacun a pu progresser dans le soin et la régularité apportés aux différents tracés. Pour finir, nous avons fixé les roues sur les feuilles de couleur à l’aide d’attaches parisiennes, et les élèves ont pris plaisir à les faire tourner et à observer l’effet optique produit. Les oeuvres réunies les unes à côté des autres et assemblées donnent un très joli rendu final.

Par la suite, nous allons découvrir, en histoire des arts, l’art cinétique et pourquoi pas réinventer nos roues en noir et blanc avec des tracés géométriques qui se mettront en mouvement lorsque la roue tournera pour le plaisir des yeux de chacun.

Pour résumer, cette activité comporte en elle un vrai travail transversal et peut être réinventée par chacun en fonction des différents projets de sa classe et des attendus que l’on place pour ses élèves !

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